Étienne Hacquin – Intermédiaires

Du 16 février au 23 mars 2013

Vernissage le samedi 16 février

 

Toute œuvre d’art peut être interprétée comme une matière organique: il y a une logique interne dans sa composition. Ce qui intéresse particulièrement Étienne Hacquin dans la peinture est le fait que l’image produite sur un support n’est avant tout qu’une accumulation d’interventions successives; des motifs que l’on assemble pour former un tout, une unité cohérente. Il joue de ce mécanisme de répétition de formes standards qui se démultiplient, se permutent entre elles, parviennent à créer d’autres formes plus globales, et invitent le spectateur à se questionner sur les analogies entre le fond et la forme.

À l’origine de la série « Patterns », il y a le tissu. L’artiste le choisit pour ses motifs, ses couleurs qui tapissent nos intérieurs. Par opposition, les sujets représentés contrastent et dérangent. Le tissu imprimé serait une matrice qui se transforme; s’opère alors un amalgame entre le motif, purement décoratif, et le sujet qui en émerge. Cette dualité entre polarités conceptuelles et formelles met en avant la conversion, la transmutation des formes, des matières et des sujets. L’accentuation, l’étalage de la peinture, aboutissent à une platitude absolue, une vision « superplane »: le paradoxe est, que, ce qu’il y a de plus dur à voir dans ses peintures, c’est la peinture elle-même.

Dans la série « Zoom » des peintures sur Plexiglas, Étienne procède par un dépôt de gouttes de peinture qui sont progressivement superposées à l’arrière du plexiglas. La plaque de plexiglas devient lamelle de microscope, le champ d’observation, la surface métaphorique, nous interpelle.  Il nous donne à voir des images étendards de notre monde actuel et nous confronte à des déséquilibres irréversibles, à un état de fait, une absence de vision à long terme. L’imaginaire qu’il nous propose nous laisse alors à la frontière entre attraction et répulsion, nous rappelle les conséquences de l’activité humaine, comme si, au travers du plexiglas, nous étions submergés par les gouttes, dépassés par les évènements. La peinture elle-même surnuméraire, anxiogène, agent toxique, polluante. Et nous ne verrons pas l’envers du décor, épais, irrégulier, là où les couches de peinture sont apparentes, palpables.

Avec la série « Clouds », dessins aux feutres sur coussins de coton eux mêmes enchâssés, l’artiste nous propose de marquer un temps d’arrêt; invitation au rêve ou au cauchemar? L’orchestration des couleurs anesthésie le regard: attiré par l’esthétique apparente des illustrations, rassuré par le confort que laisse supposer l’objet support, le spectateur est dans un second temps heurté par la véritable nature du sujet. Le spectateur est alors confronté à un rêve diurne au final plutôt déstabilisant. Quoi qu’il en soit, le confort espéré n’est plus possible. Et, comme après un mauvais cauchemar, cette expérience permettrait-elle une réflexion nécessaire sur les sujets de sociétés illustrés par Étienne Hacquin?

Sandrine Rouhaud
ALB

 

Communiqué de Presse